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Poémes
Quelques poémes que j'Aime, vive la poésie
Il faut que le poète
Il faut que le poète, épris d'ombre et d'azur,
Esprit doux et splendide, au rayonnement pur,
Qui marche devant tous, éclairant ceux qui doutent,
Chanteur mystérieux qu'en tressaillant écoutent Les femmes, les songeurs, les sages, les amants, Devienne formidable à de certains moments.
Parfois, lorsqu'on se met à rêver sur son livre,
Où tout berce, éblouit, calme, caresse, enivre,
Où l'âme à chaque pas trouve à faire son miel,
Où les coins les plus noirs ont des lueurs du ciel,
Au milieu de cette humble et haute poésie,
Dans cette paix sacrée où croit la fleur choisie,
Où l'on entend couler les sources et les pleurs,
Où les strophes, oiseaux peints de mille couleurs,
Volent chantant l'amour, l'espérance et la joie,
Il faut que par instants on frissonne, et qu'on voie
Tout à coup, sombre, grave et terrible au passant, Un vers fauve sortir de l'ombre en rugissant !
Il faut que le poète aux semences fécondes soit comme ces forêts vertes, fraîches, profondes,
Pleines de chants, amour du vent et du rayon, Charmantes, où soudain l'on rencontre un lion
Victor Hugo (1802-1885)
Très doux zéphyr qui caresses les fleurs,
Viens modérer les trop vives chaleurs Que je souffre en mon coeur pour le Dieu qui t'anime :
La douceur de sa paix en ta fraîcheur s'exprime.
Non, Dieu n'est point dans un orage affreux
Qui brise un roc et le cèdre orgueilleux ; Sans troubler son amour s'insinue en notre âme, Et sans la travailler, la parfume et l'enflamme.
Dis-moi, zéphyr, d'où vient ton mouvement ?
D'où vient l'odeur qui te rend si charmant ?
Tu parfumes les champs sans connaître ta course ; Et moi, de mes douceurs, je ne vois point la source.
Va du Seigneur poursuivre les desseins, Vent des amours, n'emporte que des saints
Et fais sentir partout où ton souffle repose
Que les charmes parfaits, c'est Dieu seul qui les cause.
François Malaval (1627-1719)
Un jeune prince, avec son gouverneur,
Se promenait dans un bocage,
Et s'ennuyait suivant l'usage;
C'est le profit de la grandeur,
Un rossignol chantait sous le feuillage;
Le prince l'apperçoit, et le trouve charmant;
Et comme il était prince, il veut dans le moment
L'attraqper et le mettre en cage.
Mais pour le prendre il fait du bruit,
Et l'oiseau fuit.
Pourquoi donc, dit alors son altesse en colère
Le plus aimable des oiseaux
Se tient-il dans les bois, farouche et solitaire,
Tandis que mon palais est rempli de moineau?
C'est, lui dit le mentor, afin de vous instruire
De ce qu'un jour vous devez éprouver:
Les sots savent tous se produire;
Le mérite se cache, il faut l'aller trouver.
J-P Claris de Florian
La Brebis et le Chien, de tous les temps amis,
se racontaient un jour leur vie infortunée.
Ah! disait la Brebis, je pleure et je frémis
Quand je songe aux malheurs de notre destinée.
Toi, l'esclave de l'Homme, adorant des ingrats,
Toujours soumis, tendre et fidèle,
Tu reçois, pour pris de ton zèle,
Des coups et souvent le trépas
Moi, qui tous les ans les habille,
Qui leur donne du lait, et qui fume leurs champs,
Je vois chaque matin quelqu'un de ma famille
Assassinè par ces mèchants.
Leurs confrères les loups "hou hou" dévorent ce qui reste.
Victimes de ces inhumains,
Travailler pour eux seuls, et mourir par leurs mains,
Voila notre destin funeste!
Il est vrai, dit le chien: mais crois-tu plus heureux les auteurs de notre misère?
Va, ma soeur, il vaut encore mieux souffrir le mal que de le faire.
Dors !
L'orage de tes jours a passé sur ma vie ;
J'ai plié sous ton sort, j'ai pleuré de tes pleurs ;
Où ton âme a monté mon âme l'a suivie ;
Pour aider tes chagrins, j'en ai fait mes douleurs.
Mais, que peut l'amitié ? l'amour prend toute une âme !Je n'ai rien obtenu ; rien changé ; rien guéri :
L'onde ne verdit plus ce qu'a séché la flamme,
Et le coeur poignardé reste froid et meurtri.
Moi, je ne suis pas morte : allons ! moi, j'aime encore ;J'écarte devant toi les ombres du chemin :
Comme un pâle reflet descendu de l'aurore,
Moi, j'éclaire tes yeux ; moi, j'échauffe ta main.
Le malade assoupi ne sent pas de la briseL'haleine ravivante étancher ses sueurs ;
Mais un songe a fléchi la fièvre qui le brise ;
Dors ! ma vie est le songe où Dieu met ses lueurs.
Comme un ange accablé qui n'étend plus ses ailes,Enferme ses rayons dans sa blanche beauté,
Cache ton auréole aux vives étincelles :
Moi je suis l'humble lampe émue à ton côté.
Marceline Desbordes- Valmore (1786-1859).
C'est bien vrais..Que la poésie est Belle :):):):)
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